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Un petit goût sucré

Jeudi 21 Juin, Sucre

La nuit fut un peu laborieuse, disons que l’organisation du bus et du voyage se fit "à la bolivienne" (qui semble de plus en plus être synonyme de "à la chinoise" ou si vous préférez d’une organisation digne des Shadoks et de leur célèbre devise : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?). Après avoir brutalement éteint les lumières à 19h30, à mon grand désespoir puisque me voici privée de mon livre et de toute distraction, le chauffeur les rallume brusquement pour la pause pipi de 22 heures, empêchant toute tentative d’endormissement. Heureusement la suite du voyage est un peu plus calme, même si un contrôle policier nous tire du someil aux petites heures de l’aube. Nous débarquons enfin à Sucre à 7h30 et accomplissons à la hâte les deux priorités du moment : tout d’abord trouver un hôtel, puis s’offrir un bon petit déjeuner. Sucre est pour nous synonyme de pause agréable, entre les rigueurs du froid et de l’altitude de La Paz et celles qui nous attendent à Potosi. De nombreux voyageurs nous ont vanté sa douceur de vivre, ses hôtels confortables, ses bons restaurants et son climat agréable et nous comptons prendre notre temps pour en profiter.

Nous trouvons une immense chambre dans un hôtel agréable au grand patio ensoleillé et partons accomplir la suite de notre plan avec un copieux petit déjeuner dans un café qui semblait sympa mais s’avère en fait plutôt désert et tristounet à cette heure matinale. La suite du programme détente nous permet de découvrir les jolies rues de la ville, très animées, et les nombreuses églises qui font sa réputation. Nous repérons aussi, ô bonheur, de nombreuses chocolateries dont les prix dérisoires feraient frémir leurs concurrents européens et enfin, ô bonheur bis, le restaurant de l’Alliance française qui nous sert de bons plats raffinés. Ce n’est pas pour paraître râleurs ou casaniers mais un bon steak ou poisson bien cuisiné, de temps en temps cela fait vraiment plaisir et cela nous change des repas roboratifs à la bolivienne, chorizo, fricassée et autres plats de viande plus riz plus pomme de terre qui vous nourrissent pour trois jours.

L’après midi est consacré à la visite, une fois n’est pas coutume, d’un musée, celui du Textile. Nous ne regrettons pas une seconde notre choix, le musée est très bien fait et agréablement situé dans une maison coloniale avec patio et balcons, et nous apprenons plein de choses sur les tissages typiques qui ont fait la renommée de la région. Les uns sont basés sur un dégradé de couleurs vives formant de véritables bandes arc-en-ciel à l’endroit où les fils se croisent, et racontant de manière incroyablement minutieuse et précise de véritables histoires en bande dessinée. On y croise renards ou condors, tels les animaux de nos fables de La Fontaine, ainsi que les scènes typiques de la vie du village, les récoltes, les fêtes traditionnelles. Les nombreuses explications passionnantes nous permettent de mieux comprendre ce que nous voyons. L’autre sorte de tissages présentée est basée sur l’alliance du rouge et du noir, sur lesquels se croisent d’étranges êtres, mi-monstre mi-dieu, improbables chimères dues à l’invention des tisserandes. Cette tradition si riche faillit se perdre avant que des initiatives comme celles de ce musée ne redonnent du travail aux femmes et n’incitent d’autres villageois à se lancer dans l’artisanat. Nous rapporterions bien un de ces magnifiques tissus mais leur prix est malheureusement trop élevé pour notre budget de voyageurs au long cours, ce qui se comprend mieux quand on sait qu’un tissage élaboré nécessite des jours et des jours de travail.

Nous finissons cette journée bien agréable par une petite pause lecture à l’Alliance française où j’espère me ravitailler en nouvelles fraîches et pourquoi pas en livres à emprunter. Hélas, pas de journaux tout neufs comme en Asie, ici les magazines sont lus et relus et datent de plusieurs mois, question de budget sans doute. Dommage car l’intérêt pour la culture française est réel et les moyens semblent cruellement limités. Notre dîner à la pizzeria nous permet de nous régaler une fois de plus, décidément après dix mois de voyage il semble que ayons besoin de petites pauses réconfortantes !

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