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Serpentins

9 Novembre 2006, Pékin

Apres avoir hesite quant a la portion de grande muraille a aller visiter en fonction du temps qu’il fait (froid) et du temps qui nous reste (peu), nous avons opte pour Badaling la plus proche de Pekin, la plus facile d’acces mais aussi bien sur la plus touristique. Nous y partons armes du plan des bus qui n’a pas coute cher mais qui nous fait d’un coup economiser plusieurs fois son prix, nous empruntons un bus "urbain" pour trois fois moins cher que le bus a touristes.

Nous traversons tous les faubourgs de Pekin pendant des dizaines de kilometres, puis les villes voisines. Des montagnes escarpees apparaissent au fond de la plaine, le bus nous rapproche et je cherche des yeux la muraille ou ses vestiges. Elle apparait au detour d’un lacet quand nous sommes dans la montagne, un parking au bord de la route. Mais notre bus continue sans s’arreter et roule encore une dizaine de kilometres dans la montagne. Je m’inquiete de l’endroit ou il va nous deposer, peut-etre la ville la plus proche ? C’est pour nous apprendre a utiliser le bus urbain. Mais certains des passagers chinois sont aussi des touristes, ils etudient des plans et je me dis en les voyant que ce bus doit quand meme nous emmener a un bon endroit. Quelques minutes plus tard notre route croise a nouveau une muraille et ce site est bien amenage pour les touristes, nous sommes arrives a destination. Je me demande combien de murailles successives ont ete construites,celle-ci est a plus d’un dizaine de kilometres de la premiere que nous avons croise et la route n’a jamais longe cette premiere muraille, au contraire elle nous en eloignait.

Quand nous arrivons au pied de la muraille apres avoir traverse une rue pleine de boutiques, de restaurants et de cafes, nos yeux et nos oreilles sont regales d’un spectacle folklorique aux couleurs vives et a la musique guillerette. Cette musique nous suit tandis que nous nous eloignons en marchant sur le rempart. Des haut-parleurs regulierement places nous aident a profiter du spectacle et a ne pas nous sentir isoles sur la muraille. Aucun risque, les vendeurs de gadgets et d’echarpes en veritable cachemire nous interpellent a chaque coin du mur. Je ne sais pas si les soldats qui gardaient la muraille passaient le temps en tricotant des echarpes, ou si cette muraille a permis d’eviter une importation massive du cachemire de Mongolie.

L’image de Mao est aussi la pour nous accompagner, sur son petit livre rouge traduit dans toutes les langues touristiques mais aussi sur des monuments eriges a chaque elevation de terrain ou il a prononce quelques mots (n’etait-il pas essoufle par la montee ?). Une stele gravee est entouree d’une dizaine de photos d’elle-meme prises a des moments differents (en hiver, au printemps, ...) et je regrette de ne pas comprendre la sentence inscrite sous la photographie de Mao qui justifie d’une telle admiration.

On comprend mieux, ou moins bien, le trace de la muraille depuis un de ses points hauts. Le mur est d’une hauteur presque constante et il est bati sur les cretes de toutes les montagnes. Comme ces montagnes-ci sont tres decoupees elles ne forment pas un rempart naturel lineaire. La muraille decrit des circonvolutions invraisemblables pour fermer en suivant les cretes des portions de quelques centaines de metres a vol d’oiseau. Mon oeil avise d’expert en architecture militaire detecte des kilometres de mur inutiles qu’une sorte de barrag entre deux montagnes aurait pu remplacer, et Laure raille ma sagacite. Tous ces detours donnent l’impression que la muraille nous entoure, ou qu’il y a plusieurs murailles paralleles. Selon le point de vue, des murs eloignes dessinent des figures ou des lettres en s’empilant dans la perspective visuelle. Je comprends maintenant pourquoi notre bus a croise plusieurs fois la muraille sur la route, il s’agit bien d’une seule enceinte mais son trace est tortueux.

Etonnament l’une des directions du chemin sur le rempart est calme et presque deserte, mis a part Mao et les vendeurs. Mais dans l’autre direction les visiteurs se bousculent, les casquettes rouges des chinois en groupes se melangent et le mur ressemble plutot a une rue commercante le samedi. Peut-etre sont-ils tous montes au point le plus haut par le telepherique, car il y a un telepherique bien dissimule dans un vallon. C’est un pays veritablement populaire ou meme les vieillards et les impotents peuvent visiter la Grande Muraille. Il y a egalement une espece de train fantome ou de montagne russe qui redescend vers le parking et les boutiques. C’est comme un parc d’attraction, et d’ailleurs un immense placard celebrant les prochains jeux olympiques defigure la montagne et gache les photos.

Du point le plus haut je cherche a deviner le trace lointain de la muraille, mais elle est tellement etrangement construite qu’il est impossible de savoir ou elle part.

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