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Avis de tempete

Samedi 10 et Dimanche 11 Fevrier, Valesdir

Le temps a change d’un coup cette nuit et, loin des petites averses courtes qui nous rafraichissaient ces derniers jours, ce sont aujourd’hui des trombes d’eau qui s’abattent sur l’ile pendant notre petit dejeuner. Nous nous precipitons pour fermer la fenetre, qui bien que juste entrebaillee commencait a transformer la maison en piscine. La maison, qui en a vu d’autres, tremble sous les coups de vent sans ceder a l’orage a part une petite fuite du toit dans le salon (encore du boulot pour Rob !). La pluie ne cesse qu’en fin de matinee et nous partons bouquiner sur la plage histoire de changer quand meme un peu d’air. Je tente une incursion dans l’eau, avec l’espoir de pouvoir retrouver notre "trou bleu" magique d’hier mais dechante vite. L’ocean est agite et d’enormes vagues brassent le sable, empechant toute visibilite. Je me contente de patauger sur le bord, ce n’est pas le moment d’aller heurter un corail traitreusement cache sous l’eau.

Bien decides a mettre quand meme le nez dehors malgre le temps morose, nous partons l’apres midi en promenade pour l’ancienne plantation de Valesdir. Les vaches qui nous avaient inquietes la derniere fois se tiennent tranquilles (calmees par la pluie ?) et nous gagnons sans encombre les quelques ruines temoignant du passe de l’endroit. La plantation de coprah (chair extraite de la noix de coco) installee ici etait autrefois prospere et gravait sa propre monnaie libellee sur une face en francs et sur l’autre en livres, histoire de ne facher personne ! Il faut dire que la periode colonisation du Vanuatu fut plutot anarchique avec un double pouvoir franco-anglais ou chacun imposait ses regles, ce qui revenait souvent a tout faire en double : deux monnaies, deux systemes judiciaires, des ecoles francaises ou anglaises selon les villages, bref un beau bazar. L’Angleterre regardait d’un oeil lointain ce minuscule archipel pas vraiment strategique parmi son immense empire tandis que les francais presents au Vanuatu etaient essentiellement des colons venus pour s’enrichir vite et souvent a n’importe quel prix. Au milieu de tout cela, quelques missionnaires essayaient d’aider comme ils le pouvaient les ni-Vanuatus sans facher personne. Aujourd’hui, seules quelques fondations en pierre perdues au milieu des cocotiers temoignent du passe de Valesdir, tandis que quelques hangars de tole bien modernes eux abritent le personnel veillant sur la plantation actuelle, exploitant toujours le coprah mais plus vraiment rentable. Nous rentrons a la guesthouse par la plage et trouvons la promenade bien longue dans le vent violent qui souffle en rafales de l’ocean. D’enormes rouleaux s’ecrasent sur les rochers et ne donnent pas vraiment envie d’aller se baigner.

Le dimanche, nous nous reveillons sous un grand ciel bleu revenu apres les intemperies de la veille. Rob nous fait visiter son jardin ou plutot sa jungle tropicale. Tout pousse au Vanuatu et a une vitesse impressionnante par rapport a nos latitudes plus temperees. Ce qui avait ete concu comme un verger un peu fouillis plante de toutes sortes d’especes, s’est transforme en quelques annees en presque foret ou les arbustes se battent pour piquer la place du voisin. Nous sommes impressionnes par la facilite a cultiver papayes, ananas, bananes, pamplemousses ou citrons a la vision de ces arbres pourtant jeunes croulant deja sous les fruits. Le reste du jardin est tout aussi beau avec ses allees de legumes et plantes aromatiques, un peu desertes en cette saison d’ete trop chaude (ici les plantes se portent mieux l’hiver, plus tempere). Nous passons la journee en alternant plage et lecture. La baignade est encore limitee car le mauvais temps d’hier a laisse des traces. D’enormes vagues continuent a se briser sur la plage malgre le soleil revenu et un fort courant, heureusement parallele au rivage, s’obstine a vouloir nous emporter a toute allure d’un cote de la plage a l’autre. Nous avons (enfin) decide de partir demain et je me depeche pour finir le livre emprunte a la bibliotheque de Rob et Alix. Cette charge argumentee contre les fast foods et les derives de l’agroalimentaire ("Fast food nation" en anglais, je ne sais pas si une traduction francaise existe) est un peu incongrue au Vanuatu ou nous ne mangeons que des produits bio et cuisines a la minute mais il faut bien que je m’informe avant de regagner la France. Je suis triste de partir deja mais nous avons deja prolonge largement notre sejour et il serait dommage de ne pas profiter egalement des autres villages d’Epi. Un camion, seul moyen de transport local, devrait nous emmener demain vers Nikaura, au nord est de l’ile, notre prochaine etape.

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