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Le désert sous la pluie

Vendredi 20 Avril, San Agustin

Nous sommes de nouveau leves tot ce matin pour partir visiter notre second parc national des environs, celui de Talampaya. Le ciel est bien gris mais nous mettons ca sur le compte de l’heure matinale, ne pensant pas une seconde qu’il puisse faire mauvais temps ici en plein desert apres la chaleur de ces derniers jours. Pourtant le jour se leve peu a peu et le ciel reste toujours aussi sombre, le soleil refusant de se montrer derriere l’epaisse couche de nuages. Nous sommes un peu decus car Talampaya est celebre pour ses roches rouges erodees, tout de suite plus jolies sur fond de ciel bleu. Mais tant pis, ce temps un peu maussade ne nous empechera pas de profiter du parc maintenant que nous sommes la !

Nous abandonnons le minibus de l’agence et notre chauffeur a l’entree, la visite se faisant forcement dans un vehicule du parc avec un guide agree. Notre petit groupe est vite complete par quelques argentins en vacances et nous partons sur les pistes poussiereuses du parc. Nous roulons en fait dans le lit d’une riviere, qui ne merite son nom que quelques jours par an l’ete quand les pluies d’orage la font se remplir soudainement. Apres ces explications donnees par notre guide, nous regardons tous le ciel maussade d’un oeil un peu inquiet, quelle idee de rouler dans une riviere par temps de pluie ! Mais non, seule une legere bruine tombe des nuages et l’air est tellement sec que cette inattendue pluie dans le desert semble s’evaporer avant meme de toucher le sol. Le vrai probleme est plutot le froid car, sans soleil, l’air est plus que frisquet et nous grelottons dans nos habits d’ete. Je me rejouis d’avoir a tout hasard attrape une polaire en partant ce matin mais cela ne suffit pas a me rechauffer, les sandales et le pantalon de coton n’etant pas vraiment adaptes a la meteo. Heureusement notre guide s’avere passionnante et les paysages sont magnifiques meme si nous regrettons un peu l’absence de lumiere pour les mettre en valeur.

Les roches que nous traversons ont une etrange couleur rouge, beaucoup plus photogenique que les cailloux poussiereux d’hier, et ont ete litteralement decoupees par l’erosion, formant d’impressionnants canyons. Nous nous arretons dans une oasis au milieu du desert appelee le "jardin botanique", seul endroit ou la presence d’eau sous le sol permet a la vegetation de survivre. Les plantes sont adaptees aux conditions hostiles comme la brea, ce drole d’arbuste entierement vert, tronc et branches comprises. Ayant reduit la surface de ses feuilles pour eviter une evaporation excessive, il se rattrape en utilisant ses branches peintes en vert pour la photosynthese. Cet endroit doit etre bien agreable quand le soleil tape mais aujourd’hui c’est plutot le cafe bien chaud qui nous y est offert que nous apprecions.

Au fur et a mesure que nous continuons notre route, les formes rocheuses deviennent plus torturees et prennent des formes encore plus etranges. Nous croisons ainsi une cathedrale de pierre dont les immenses tours s’elevent vers le ciel, plus vraies que nature. L’imagination des conservateurs du parc s’en est donne a coeur joie puisque notre malheureuse guide s’evertue a nous nommer des formes improbables que nous sommes censes deviner dans la roche. La pauvre nous raconte que son professeur quand elle etudiait pour devenir guide grondait sans pitie ses eleves si ceux-ci osaient s’elever contre les elucubrations en vigueur en disant que non, vraiment, ils n’arrivaient pas a deviner un cochon dans cette forme rocheuse etrange ! Decidement, apres les dinosaures d’hier, il semble que les scientifiques argentins aient beaucoup d’imagination... Nous jouons donc nous aussi a faire semblant de trouver le petit chaperon rouge, le moine, le cochon et autres silhouettes. Cela n’empeche que ce paysage est reellement fantastique, chaque nouveau tournant de la route nous revelant d’impressionnantes parois rocheuses.

Nous terminons notre circuit par un second canyon beaucoup plus etroit que le premier, abandonnant la voiture pour nous y promener a pied. Nous avons reellement l’impression de penetrer dans un autre monde quand nous nous glissons entre les deux hautes parois rocheuses. Une source souterraine permet ici a la vegetation de pousser et, en plein desert, ce canyon est un ilot de verdure, les herbes et arbustes se pressant la ou l’eau est presente. Seul inconvenient, il y fait encore plus froid qu’ailleurs, ce qui doit etre tres agreable les jours de soleil mais nous glace encore plus, au point que je suis soulagee quand nous faisons enfin demi tour pour rejoindre la voiture. Decidement, tomber sur un des seuls jours de pluie de l’annee en plein desert, il fallait le faire. Pour une fois, nous sommes enchantes de retrouver notre chambre bien chaude une fois l’excursion finie (pas besoin de climatisation aujourd’hui) et nous empressons de sauter dans nos vetements chauds.

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